Énergie européenne - Le bilan climatique de l'UE pour 2020

Le bilan climatique de l’Union Européenne en demi-teinte pour l’année 2020

Entre Covid-19 et divers plans de relance verte pour l’Europe, l’année 2020 a été riche du point de vue de l’impact social et environnemental sur le Vieux Continent. Quelle que soit la manière dont l’année a été vécue par chacun, elle est dorénavant derrière nous ; et il est temps d’en dresser le bilan.

Plusieurs tournants décisifs ont été amorcés depuis l’arrivée d’Ursula von der Leyen à La Commission Européenne en juillet 2019: Tels que le Pacte Vert pour l’Europe (ou European Green Deal), puis la Loi Climat votée au Parlement Européen.

Entre-temps, la pandémie mondiale a contraint les gouvernances à réajuster leurs plans. D’autant que si la Covid-19 semble avoir globalement ralenti l’économie, on ne peut pas forcément en dire autant d’un éventuel effet bénéfique pour le climat…
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Covid-19 : quel impact carbone pour l’Europe ?

À l’image des dauphins dans la lagune de Venise, certaines images ont marqué les esprits depuis mars, et ont semblé offrir une parenthèse bienfaisante dans l’enfer sanitaire de 2020.

Et pourtant ! La Covid-19 a eu des conséquences globalement négatives pour le climat.

D’une part, une raison assez évidente à cela : face à l’urgence sanitaire, de nombreux dossiers, même très brûlants, sont passés au second plan.

C’est évidemment le cas de la lutte contre le changement climatique, souvent remisée au fond de l’agenda des politiques publiques européennes.

Cela n’a pas été le cas partout, mais les pays d’Europe centrale et orientale notamment ont souvent signifié leur abandon même temporaire de cette thématique pour prioriser des mesures de protection nationale.

D’autre part, le frein aux activités économiques n’a pas été constant tout au long de l’année, avec des tentatives de reprises ; des moments qui ont pu voir une augmentation parfois spectaculaire des émissions de gaz à effet de serre.

Les mouvements en dents de scie de la production et des transports ont en effet un coût énergétique plutôt monstrueux.

Bien évidemment, les rapports de causalité mutuelle entre de telles épidémies et les bouleversements environnementaux ont été soulevés cette année. Aussi bien les calottes glaciaires que les forêts profondes sont cruellement abîmées, et la biomasse dont elles regorgent, une fois à l’air libre, peut s’avérer désastreuse pour un contact humain.

2020, une année sous le signe de la croissance verte

À côté de cette crise sanitaire, principale préoccupation de 2020, la vie ne s’est pas arrêtée. La production et la consommation ont continué, et le secteur de l’énergie a connu des hauts et des bas sur ce plan ; mais les énergies vertes ont eu le vent en poupe.

Ainsi, 2020 a aussi été l’année où l’électricité renouvelable, avec près de 33% du total, est passée en première ressource au sein du mix énergétique européen, c’est-à-dire l’ensemble des sources d’électricité du continent.

Ce beau score, fruit d’un travail de longue haleine plutôt que d’un effort sur seulement 12 mois, cache cependant de fortes disparités entre les pays.

Energy from renewables sources 2019

Source: Source: https://ec.europa.eu/eurostat/statistics-explained/index.php/Renewable_energy_statistics 

 L’Islande (78 %), la Norvège (75 %) et la Suède (58 %) sont ainsi les pays où la consommation d’électricité verte est la plus forte selon les données d’Eurostat.

Si la France n’est pas la dernière, elle fait tout de même partie des mauvais élèves ; avec 10 fois moins en ce qui concerne l’optimisation de la consommation d’énergie, que les 3ème et 4ème du podium. Il faut dire que les offres de gaz vert et les contrats d’électricité verte tardent à s’imposer comme l’alternative principale aux yeux des foyers français.

Cependant, il faut dire que les ménages européens et les grands consommateurs (PME et Industrie) ont de plus en plus tendance à se tourner vers un fournisseur qui propose de l’électricité verte (augmentation du Taux de Switch).

La faute n’incombe pas nécessairement au “lobby du nucléaire” : l’intérêt des consommateurs pour les énergies renouvelables est très fort dans l’Hexagone, mais reste conditionné à des impératifs budgétaires — se mettre au vert coûte encore cher.

Au reste, il est difficile de quantifier précisément en une seule année l’impact réel de la croissance du point de vue climatique, mais 2020 s’inscrit dans la continuité des politiques européennes à ce sujet depuis une bonne vingtaine d’années.

Les objectifs de réduction des gaz à effet de serre à moyen et long terme restent en ligne de mire des institutions nationales, mais aussi européennes.

C’est en ce sens, par exemple, que l’objectif fixé en 2008 de réduire de 20% les émissions de GES semble globalement atteint.

Toutefois, il n’en va pas de même pour l’efficacité énergétique des productions renouvelables mentionnées ci-avant : elles constituent toujours une priorité pour les prochaines années du côté de Bruxelles. De même, il est nécessaire pour l’UE de prendre en compte dans ses modes de calcul futurs la part carbone “importée”, qui semble avoir considérablement augmenté à mesure des nombreuses délocalisations de la production européenne.

Autant de dossiers pour lesquels il est encore trop tôt pour chiffrer à quel point la politique concertée des pays d’Europe va dans le bon sens. Il est à craindre que certains objectifs soient revus à la baisse.

Bilan institutionnel et perspectives d’avenir

Le problème climatique s’est corsé cette année du côté des arcanes de l’Union Européenne. Celui-ci s’est en effet énormément adossé aux débats budgétaires qui secouent (voire déchirent) le Parlement et la Commission.

C’est pourquoi, par exemple, le plan de relance de la croissance voté en décembre après des mois de négociations alloue une proportion du budget de l’Europe à la croissance dite “verte”. 

Et là est tout le problème : quel pourcentage ?

Les diverses possibilités qui couraient çà et là ont finalement convergé vers le chiffre de 37%, définitivement approuvé voilà un mois. Un montant pouvant sembler résolument optimiste, mais qui a été loin de faire l’unanimité du côté de Strasbourg ; et pas forcément chez les plus climato-sceptiques.

Au contraire, plusieurs bords politiques ont plutôt souligné le manque d’ambition de ce plan quant à l’urgence climatique. Une continuité avec la mandature précédente de la Commission Européenne, souvent pointée du doigt pour sa mollesse en la matière.

L’expression des rapports de force au sein des institutions européennes est loin d’être apaisée sur la question environnementale, et cela se matérialise d’autant plus sur un aspect primordial posé par le Pacte Vert Européen, à savoir l’objectif de neutralité climatique dans les décennies prochaines.

C’est ainsi que cet objectif pour 2030, initialement à hauteur de 40%, était censé être rehaussé.

Au terme de vifs échanges entre divers membres des institutions de l’Union Européenne, parfois même au sein des organes législatifs et exécutifs, le montant de 55% a été retenu pour 2030. Reste à voir sur quelles mesures concrètes ces vœux pieux pourront bien se matérialiser dans les années qui viennent.

Conclusion

Notre maison brûle toujours, et si tout le monde ne regarde pas ailleurs, l’impuissance demeure quant aux solutions collectives à apporter à la crise climatique. 

La pandémie globale n’a évidemment pas aidé à se concentrer sur ce point quand il a fallu d’abord sauver des vies, ensuite redresser les économies locales ; et il y a fort à parier que cela perdure au moins dans les mois qui viennent.

Les ambitions sont pourtant là : les Européens sont toujours plutôt réceptifs à la question environnementale, et prêts à changer leurs habitudes tant du côté de la production que de la consommation.

Charge aux institutions supra-nationales de donner les moyens aux divers membres de l’Europe de changer la donne, en continuant notamment de revoir leurs ambitions à la hausse.

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