Étude sur la Consommation d'Énergie en Europe avant et après Covid-19

Étude sur la Consommation d’Énergie en Europe avant et après Covid-19 [CONCLUSIONS]

Il est clair que la pandémie a provoqué beaucoup de changements, notamment sur la consommation d’énergie des magasins, des sites industriels et des bureaux. Et si nous analysions leur comportement avant et après Covid-19 ? Lisez notre article et découvrez les 10 conclusions de notre étude comparative sur les consommations d’énergie pré et post covid :

Objectif de l’Étude de la Consommation d’Énergie avant et après le Covid-19 

En ce mois de mars, cela fera tout juste un an que depuis la première déclaration de l’état d’alarme pour Covid-19 en France Espagne, et de nombreuses questions nous sont venues à l’esprit : 

Dans quels secteurs la consommation aura-t-elle le plus diminué ? Tous les pays auront-ils été touchés de la même manière ? Lesquels plus que les autres ? Si un secteur a été fermé, sa consommation sera-t-elle nulle ? 

Nous nous sommes donc dit que si nous disposions d’autant d’informations dans notre base de données, pourquoi ne pas commencer à les analyser?

Un travail qui a donné comme résultat une étude comparative sur la consommation d’énergie. 

L’objectif principal de l’étude est de comprendre comment la pandémie du COVID-19 a affecté la consommation électrique des bâtiments industriels et tertiaires européens. 

Source et traitement des données sur la Consommation Énergétique

Avant d’examiner les résultats obtenus, et pour mieux comprendre pourquoi nous sommes arrivés à ces résultats, il convient de rappeler quelles données nous avons utilisées. Les données utilisées pour cette étude proviennent de plus de 80.000 bâtiments surveillés par DEXMA sur les cinq continents.

Pour cette étude en particulier, nous avons concentré l’analyse sur l’Europe, en la divisant en 4 régions:

  • Royaume-Uni (Angleterre et Irlande), 
  • Pays Nordiques (Danemark, Suède), 
  • Les pays d’Europe du Sud (Portugal, Espagne, Italie, Grèce et Croatie),
  • Et l’Europe Centrale (France, Belgique et Pays-Bas).   

D’autre part, l’étude n’inclut que les installations disposant de toutes les données de consommation électrique pour 2019 et 2020 (24 mois), afin de pouvoir effectuer des comparaisons significatives et d’éviter les extrapolations qui pourraient fausser les résultats.

Nous avons également voulu aller un peu plus loin et nous avons segmenté les résultats par type d’activité, en prenant en considération les secteurs suivants :

  • Immeubles de bureaux, 
  • Centres de santé, 
  • Bâtiments culturels et éducatifs (écoles, universités, musées, bibliothèques, etc.), 
  • Commerces, supermarchés, 
  • Restauration (Restaurants et cafétérias) et Hôtels, 
  • Centres sportifs,
  • Et les sites industriels.

De même, lors du pré-traitement des données, toutes les installations dont le profil de consommation a présenté des changements ou dont les données de consommation étaient potentiellement anormales ou hors échelle ont été éliminées.

Les données ont été traitées de façon agrégée et anonyme, dans le simple but de pouvoir comprendre l’impact du COVID-19 dans les différents secteurs et régions d’Europe. 

Les 10 Conclusions de l’Étude : l’Impact du Covid sur la Consommation d’Électricité en Europe

1. Le Royaume-Uni est la région la plus touchée avec une baisse de la consommation de 30%

La première question que nous nous sommes posés est la suivante : comment la pandémie a-t-elle affecté les différentes régions d’Europe ? 

Comme nous le savons, l’impact du COVID-19 sur le continent a été inégal. La propagation du virus a évolué différemment et les mesures prises par chaque administration ont été adaptées à la situation et au contexte de chaque territoire. 

Sur la carte suivante, nous pouvons voir quel a été l’impact annuel sur la consommation de chaque région :

Consommation d'électricité Europe 2020 vs 2019
Source: Base de Données DEXMA

Avec ces informations, nous pouvons maintenant répondre à la première question. Et selon notre étude, si nous nous concentrons sur comment a évolué la consommation annuelle, nous observons des résultats similaires pour toutes les régions, à l’exception du Royaume-Uni.

La région qui a le moins réduit sa consommation est celle des Pays Nordiques (8%), suivie de l’Europe du Sud (9%) et de l’Europe Centrale (10%). Dans le cas du Royaume-Uni, nous constatons un impact beaucoup plus important, atteignant les 30%.

2. Mars, Avril, Mai et Novembre 2020, les mois avec la plus grande variation de consommation d’énergie dans toutes les régions

L’évolution de la consommation énergétique n’a pas été constante tout au long de l’année. La situation de la pandémie a évolué pendant 2020, et le fait que les gouvernements aient réagi et pris différentes mesures a évidemment eu une influence. 

Le graphique ci-dessous montre l’impact en fonction du mois de l’année.

Consommation d'électricité Europe 2020 vs 2019

Source: Base de Données DEXMA

En suivant l’évolution des résultats au cours de l’année, nous constatons que la pandémie n’a pas affecté la consommation de janvier et février. D’autre part, nous pouvons observer qu’au cours des trois mois suivants (mars, avril et mai), il y a eu de fortes baisses de la consommation dans toutes les régions.

Par ailleurs, les baisses les plus importantes ont eu lieu en avril et coïncident avec les premiers confinements stricts et la fermeture des activités commerciales.

Examinons les résultats de manière un peu plus détaillée. Au cours du mois de mars, l’impact dans les quatre régions se situait entre 10 et 20%, le Royaume-Uni étant le moins touché. En revanche, au cours des trois mois suivants (avril, mai et juin), l’impact au Royaume-Uni se situait entre 60 et 70%, ce qui indique clairement que des restrictions ont été mises en place par le gouvernement britannique. 

En revanche, l’impact  sur la consommation dans les pays d’Europe du Sud et les pays Nordiques a été d’environ 20-30%, malgré leur opposition aux mesures et aux politiques contre le COVID-19.

En parallèle, les pays d’Europe Centrale ont connu leur pic d’impact en avril, dépassant 40% de réduction en comparant 2020 à 2019.

3. Les pays d‘Europe Centrale ont consommé davantage en août, septembre et octobre 2020 qu’en 2019

Nous trouvons curieux de voir comment les pays d’Europe Centrale ont non seulement retrouvé leur niveau de consommation d’avant la crise, mais ont aussi augmenté de 3 à 7% pendant les mois d’août, septembre et octobre 2020 : signe de la reprise de l’activité productive et commerciale. Cette tendance ne se retrouve dans aucune des trois autres régions européennes.

À la fin de 2020, la consommation diminue à nouveau, mais moins fortement que lors de la première vague.

Avec l’arrivée de l’hiver en Europe et des nouveaux variants du COVID-19, on assiste à un rebond du nombre de cas, à de nouvelles vagues nécessitant des confinements et, donc, à une nouvelle réduction de l’activité commerciale. Ainsi, nous constatons que le Royaume-Uni est à nouveau la région la plus touchée, avec des réductions de 50% en novembre et de 40% en décembre. 

En revanche, pour les pays d’Europe du Sud, probablement en raison de mesures moins restrictives au moment de Noël, l’impact a été de 7% en novembre et pratiquement aucune variation n’a été constatée dans la consommation de décembre.

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4. Les Hôpitaux d’Europe Centrale consomment 24% de plus en 2020 qu’en 2019

Après avoir examiné l’impact global pour chaque région, nous pouvons passer à la répartition de cet impact entre les différents secteurs analysés. 

Pour rappel, les secteurs que nous avions sélectionnés sont : immeubles de bureaux, centres de santé, bâtiments culturels et éducatifs (centres éducatifs, universités, musées, bibliothèques, etc.), magasins, supermarchés, restauration (restaurants et cafétérias), hôtels, centres sportifs et industries.

Le tableau suivant résume la manière dont la consommation a été affectée dans chaque secteur et pour chacune des régions analysées.

Carte thermique de la consommation d'électricité par secteur 2020

Source: Base de Données DEXMA

Si nous devions réfléchir au secteur qui a été le plus concerné en 2020, nous penserions probablement au secteur de la santé. Les résultats montrent que, même si l’activité des centres hospitaliers a évolué, la consommation a connu de légères baisses, voire des hausses.

C’est le cas dans les pays d’Europe Centrale, où la consommation d’énergie a augmenté de 25% au cours de l’année. Si nous accordons plus d’attention à l’Europe du Sud, nous constatons que la consommation est restée pratiquement la même. Enfin, nous avons le cas du Royaume-Uni, où la consommation a diminué de 7% par rapport à l’année précédente.

5. Le secteur HoReCa (Hôtels, restaurants et cafétérias), le plus touché avec une réduction de près de 30%

L’analyse par secteur nous permet d’étudier le comportement de chacun d’entre eux pendant la crise sanitaire. Le cas du secteur de l’hôtellerie et de la restauration qui a subi les plus fortes variations se démarque tout particulièrement, avec des baisses de 28% et 29% respectivement. 

Nous constatons notamment que les hôtels les plus touchés ont été ceux du sud de l’Europe, avec une réduction de la consommation de près de 40%. Cela n’est pas surprenant si l’on tient compte du fait que ces pays ont une économie fortement liée au tourisme. 

Si l’on se concentre sur le secteur de l’hôtellerie, on constate en revanche que l’impact le plus important a été au Royaume-Uni, avec une baisse de 34% de la consommation d’électricité.

6. Malgré le télétravail, les Bureaux réduisent de seulement 11% en moyenne leur consommation

Incontestablement l’une des mesures phares qui a été mise en place en 2020 a été celle du télétravail. Cela pourrait nous inciter à penser que la consommation des bureaux en a été fortement impactée, mais au regard des données sur les bâtiments analysés dans cette étude, il semble que cela n’ait pas été le cas, notamment si l’on compare avec d’autres secteurs comme l’hôtellerie. Ce secteur a enregistré une baisse de la consommation de 11% par rapport aux années précédentes. 

Le cas des pays d’Europe du Nord, où la réduction de la consommation n’a été que de 4%, est particulièrement frappant. Cela peut s’expliquer par le fait que ces pays ont déjà intégré le télétravail depuis un certain temps et que le changement n’a donc pas été aussi brutal.

7. Les limitations d’affluence modifient les Habitudes Sportives des Européens. Le secteur connaît une baisse de sa consommation de plus de 25% dans trois régions

Un autre “protagoniste” de cette pandémie a été le changement des habitudes sportives des gens. 

Dans pratiquement tous les pays, il y a eu des épisodes d’assignation à résidence au cours desquels ceux qui voulaient garder la forme ont dû transformer leur maison en gymnase de fortune. 

D’autre part, après les confinements, nous avons également constaté que de nombreuses personnes ont décidé de se remettre en forme et de sortir dans la rue pour faire de l’exercice. 

Ces faits ont été des conséquences directes de la fermeture des centres sportifs, ce qui s’est reflété dans leur consommation d’énergie avec des baisses d’environ 25%. La région la moins touchée a été l’Europe du Nord avec 12%, soit presque 3 fois moins que le Royaume-Uni qui a été la zone la plus touchée dans ce sens avec une réduction de 33%.

8. L’Industrie Productive Européenne, un des secteurs ayant le moins d’impact

Si l’on laisse de côté les établissements de soins de santé, on constate que le secteur ayant été le moins impacté est le secteur industriel, dont la consommation énergétique n’a pratiquement pas diminué.

Seul le Royaume-Uni a connu une baisse significative de 8% de la consommation. Le reste des régions présente des variations comprises entre -1% et 2%, ce qui peut être considéré comme normal d’une année à l’autre.

9. Les Hôtels du Sud de l’Europe ont vu un impact de 73% sur leur consommation lors des fermetures dues au confinement

Veamos en detalle qué ha pasado en los hoteles ante el cierre del negocio. 

Le graphique suivant montre la consommation par heure d’un hôtel du sud de l’Europe. On constate que, comme pendant le mois de février et le début du mois de mars, sa consommation évolue dans une fourchette comprise entre 50 kWh (heures de nuit) et 180 kWh (heure de pointe).

A partir du 16 mars, date coïncidant avec le confinement total, la consommation en électricité diminue radicalement pour atteindre des valeurs comprises entre 20kWh et 35kWh, seuls les appareils essentiels étant branchés (notamment les équipements de sécurité et les congélateurs). 

 

De fait, dans le graphique suivant, on peut comparer la semaine avant le confinement (en vert) et la période juste après (en bleu), pour constater une réduction de la consommation de 73,9%. 

Examinons maintenant la période estivale lorsque les restrictions ont été assouplies. Les hôtels n’étaient pas autorisés à fonctionner à 100%, mais tout au plus à accueillir un maximum de 50-70% de clients. 

Le graphique suivant montre la consommation quotidienne d’un hôtel en Europe du Sud. On constate qu’à partir de juillet, la consommation  augmente pour atteindre plus de 4.000 kWh/jour.

Mais, bien qu’il semble que la consommation pendant l’été ait été normale, si nous comparons les mois d’août 2019 et 2020 à travers le graphique suivant, nous verrons qu’il y a un impact de 28%.

 

10. Les Supermarchés modifient leur habitude de consommation à cause du couvre-feu

Nous avons eu une petite surprise en analysant les données de certains supermarchés « avant » et « après » la pandémie. 

Nous savons déjà que c’est un des secteurs qui aura eu le moins d’impact sur sa consommation, mais en analysant les schémas horaires (en Anglais), on observe que les supermarchés ferment à 22h, alors qu’ils avaient l’habitude de le faire à 01h00 du matin. 

Chart5-European research on electricity Consumption

Chart6-European research on electricity Consumption

Nous nous demandons si cette politique de fermeture anticipée, outre le fait qu’elle contribue à réduire la consommation (on constate une différence de 7%), pourrait être maintenue pour promouvoir des horaires plus “européens” et mieux concilier le temps passé au travail et en famille. Nous continuerons à analyser cette évolution dans les mois à venir.

Conclusion

Comme vous avez pu le constater au travers des conclusions faites sur les différents cas analysés, de multiples variables ont influencé la réduction de la consommation : des fermetures temporaires aux réductions horaires, en passant par la réduction de l’affluence et les restrictions de circulation entre zones géographiques. Toutes sont dues à la fois aux mesures prises par les gouvernements et aux changements de comportement de la population suite au phénomène du Covid-19.

Nous avons réalisé cette étude au niveau européen et par secteur, mais une telle étude pourrait également être réalisée à plus petite échelle ou au niveau d’une entreprise. 

Par exemple, une chaîne de supermarchés pourrait analyser les données de consommation d’énergie de tous ses magasins, ou une société immobilière pourrait étudier l’impact sur la consommation de tous les bureaux de son portefeuille de bâtiments, grâce à des outils analytiques avancés tels que DEXMA Energy Intelligence. Ils pourraient ainsi tirer des conclusions qui les aideraient à créer de nouvelles stratégies de gestion de leur consommation, à réduire les coûts et à améliorer l’efficacité de leurs installations. A suivre vous trouverez, par exemple, une liste des applications de la plateforme (en Anglais) les plus utilisées par les gestionnaires d’énergie avancés. 

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Solution de gestion de l'énergie gratuite


Note de la rédaction – Cet article a été écrit par 2 experts en matière de logiciels de gestion de l’énergie :

Juan José Vázquez, Data Scientist & Machine Learning Engineer, fait partie de l’équipe Produit de DEXMA depuis 2019. Il est l’une des personnes chargées de tirer le meilleur parti des données de la plateforme, d’améliorer les outils actuels et de proposer de nouvelles fonctionnalités basées sur l’intelligence artificielle.

Daniel Utges, Directeur de Produit chez DEXMA, fait partie de l’équipe depuis 2010. Son parcours chez DEXMA a commencé comme Ingénieur Produit, en passant par Responsable du Service Client, pour devenir Directeur de Produit en 2013. On peut dire qu’il connait la plateforme DEXMA de A à Z.